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Channel: Melih Gökçek – Observatoire de la vie politique turque
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Analyse des résultats du référendum constitutionnel et décryptage des dynamiques électorales

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Le 16 avril dernier, les électeurs turcs se sont prononcés sur le projet de réforme constitutionnelle proposé par le Parti de la Justice et du Développement (Adalet ve Kalkınma Partisi – AKP), au pouvoir depuis 2002. Contrairement à la plupart des précédentes consultations électorales sous l’ère Erdoğan, ce scrutin s’est caractérisé jusqu’au bout par son incertitude quant à son résultat final. La volatilité des estimations délivrées par les différents instituts de sondages locaux ont alimenté ce climat de confusion. À titre d’exemple, rappelons que l’institut Gezici affirmait (dans une enquête d’opinion publiée le 1er-2 avril) que les intentions de vote en faveur du Oui s’élevaient à 53,3 %, tandis que le Non était donné perdant avec 46,7 %1. Une autre étude, publiée le 12 avril par SONAR, prévoyait 51,2 % pour le Non et 48,8 % pour le Oui2. D’autres sondages annonçaient, quant à eux, un score extrêmement serré3. En outre, les instituts ANAR et Gezici expliquaient – en février – que 35 % des électeurs de l’AKP refuseraient de voter pour le Oui4. L’issue du scrutin s’avérait donc particulièrement incertaine, avec une victoire sur le fil pour le camp du vainqueur. À l’inverse, rappelons qu’en 2010, un premier référendum sur un amendement constitutionnel proposé par le gouvernement AKP avait été approuvé par une nette majorité d’électeurs (soit 57,9 % des suffrages exprimés). Un tel climat d’incertitude contribue à expliquer la campagne menée par le parti au pouvoir auprès des citoyens turcs émigrés en Europe5. Ce référendum était également l’occasion, pour Recep Tayyip Erdoğan, de mesurer sa popularité auprès de l’électorat de droite dans un contexte de purges massives (contre le mouvement güleniste6 et les sympathisants présumés du PKK au nom de la lutte antiterroriste). A ces purges s’ajoute l’affirmation d’une pratique de plus en plus autoritaire du pouvoir qui s’exprime notamment par la recrudescence des arrestations dans les milieux journalistique, syndical et associatif. Dans ce contexte de réaction agressive à la tentative de coup d’État, il n’était pas inenvisageable d’annoncer une désaffiliation à l’égard de l’AKP des électeurs victimes directement ou indirectement de ces limogeages  massifs, ou plus généralement des électeurs libéraux inquiets de l’orientation prise par le gouvernement. En effet, selon un sondage publié par AKAM en avril 2016, en cas d’élections législatives, les intentions de vote en faveur du Parti d’Action Nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi – MHP) seraient montées à 18,7 % dans l’hypothèse d’un remplacement de Devlet Bahçeli par la frondeuse Meral Akşener7 : eu égard au passé de centre-droit de cette ancienne ministre de l’Intérieur, ce résultat tend à montrer que la frange libérale de l’électorat AKP serait en voie de désaffiliation potentielle à l’égard du tournant autoritaire pris par R. T. Erdoğan : le référendum du 16 avril avait donc doublement valeur de test pour l’AKP.

Ce référendum constituait également un défi pour les partis d’opposition, à commencer par le Parti Démocratique des Peuples (Halkların Demokratik Partisi – HDP) du fait de l’incarcération de plusieurs de ses élus (parmi lesquels ses deux vice-présidents). En outre, après l’échec du putsch de juillet 2016, le HDP avait été marginalisé par les autres partis dans le cadre de l’« esprit de Yenikapı » : Selahattin Demirtaş avait d’ailleurs critiqué la dimension unanimiste et nationaliste de cet événement8. De son côté, Figen Yüksekdağ avait affirmé que la défaite des putschistes ne constituait pas pour autant un retour à la démocratie (voir notre édition du 20 juillet 2016). Dans les provinces du Sud-Est, le HDP subit également la concurrence de l’AKP, qui reste populaire auprès de la fraction conservatrice de la population kurde (voir notre édition du 19 novembre 2015). Le Parti de la Justice et du Développement n’a d’ailleurs pas hésité à faire campagne en mobilisant la mémoire du Cheikh Saïd : ce chef religieux d’origine kurde mena, en 1925, une insurrection régionaliste à forte coloration islamique, centrée sur la défense du califat face aux prétentions laïcisantes de la République turque naissante. Ainsi, dans la ville de Diyarbakır, une banderole fut déployée sur laquelle était écrit : « Chaque ‘’Oui’’ est une prière pour le repos de l’âme de Cheikh Saïd et ses compagnons »9.

Traduction : Chaque ‘’Oui’’ est une prière pour le repos de l’âme de Cheikh Saïd et ses compagnons

À l’autre extrémité du champ partisan, le Parti d’Action Nationaliste faisait face à une situation interne plus contrastée. Depuis le revers électoral du MHP lors des législatives de novembre 2015, son leader fait face à une fronde interne (incarnée par Sinan Oğan, Meral Akşener, Koray Aydın et Ümit Özdağ) critiquant sa stratégie et ses orientations10. D. Bahçeli répondit à ces critiques en accusant ses adversaires d’être soutenus par la confrérie Gülen11, et fit part de son soutien aux réformes constitutionnelles proposées par l’AKP12 et aux déclarations de R. T. Erdoğan sur un éventuel rétablissement de la peine de mort13. Malgré cela, plusieurs enquêtes d’opinion réalisées durant la campagne référendaire montrèrent qu’une majorité de l’électorat nationaliste semblait réticente envers ce changement constitutionnel14, rejoignant ainsi les critiques émises par les dissidents du MHP15.

Face à cette division interne au sein de la droite nationaliste, la gauche kémaliste affichait une certaine unité autour de l’opposition à la réforme constitutionnelle proposée par le pouvoir islamo-conservateur. Aussi bien les leaders que l’électorat du Parti Républicain du Peuple (Cumhuriyet Halk Partisi – CHP) affirmèrent leur ancrage dans le camp du Non : en janvier dernier, Gezici estimait à 93 % la proportion d’électeurs du CHP ayant l’intention de voter contre le projet de l’AKP16. Toutefois, la fraction kémaliste de l’opinion publique turque ne pouvait pas à elle seule faire basculer la tendance générale dans le camp du Non : l’opposition de la majorité de l’électorat nationaliste, ainsi que d’une minorité non négligeable des partisans habituels de l’AKP, rendaient l’issue du scrutin particulièrement ouverte.

Par conséquent, le contexte politique dans lequel s’inscrivait ce vote nous oblige à analyser le référendum sur la présidentialisation du régime turc à travers la perspective suivante : en quoi les résultats du 16 avril nous renseignent-ils sur les dynamiques partisanes actuellement à l’œuvre en Turquie, ainsi que sur les évolutions électorales en cours dans ce pays ?

I / Les raisons du référendum

1) Modifier la Constitution, un objectif  de longue date

Réclamer des modifications constitutionnelles est un élément récurrent des revendications de l’AKP. Il s’agit d’inscrire dans la loi suprême des positions symboliques de l’AKP, afin d’y imprimer une marque durable au niveau de la structure de l’État. L’appareil d’État – traditionnellement un bastion kémaliste – a longtemps été,  en effet, un lieu plus hermétique à l’influence de l’AKP que la sphère gouvernementale et politique. De plus, la dispute entre l’AKP et la confrérie Gülen fin 2013 et les scandales de corruption révélés avaient mené le gouvernement à craindre que les cadres de l’État affiliés à Gülen ne constituent des réseaux hostiles à l’État, notamment au sein de la magistrature, de l’Éducation et de la Police. (Pour une analyse complète de la dispute AKP-Gülen, voir nos traductions de Ruşen Çakır) Ainsi, les projets de modification de la Constitution sont allés crescendo, à mesure que l’AKP a pérennisé sa domination sur la vie politique turque. La possibilité d’un amendement constitutionnel avait déjà été évoquée par Recep Tayyip Erdoğan lors des débats sur le port du voile à l’université en 200817.  Rappelons également que la réforme de 2010 avait été présentée comme une adaptation de la Constitution aux critères de l’Union européenne et avait permis – entre autres – de diminuer les prérogatives des militaires dans la vie politique (voir nos éditions des 11 et 14 septembre 2010). Ainsi, l’initiative du référendum de 2017 prolonge cette dynamique et les arguments afférents. Il s’agit pour l’AKP de revenir sur une Constitution jugée inadaptée à la Turquie contemporaine18.  La tentative de coup d’État du 15 juillet et le traumatisme qu’il a généré dans l’opinion publique ajoute un nouvel argument : il serait indigne pour la démocratie turque de continuer à fonctionner sur une Constitution elle-même héritée du coup d’État militaire de 198019.  Le putsch du 15 juillet soulignerait ainsi l’urgence d’une modification constitutionnelle. Cependant, il ne s’agit plus en 2017 de proposer des modifications ponctuelles de la loi suprême, mais bien de changer la structure du régime en entérinant sa présidentialisation. Cette transformation s’inscrit pleinement dans la continuité du scrutin présidentiel d’août 2014, à la suite duquel Recep Tayyip Erdoğan fut élu au suffrage universel direct avec 51,7 % des voix (voir notre édition du 10 août 2014).

2 ) Un scrutin fortement politisé

La dynamique référendaire a pour caractéristique d’évoluer vers un scrutin de sanction ou d’approbation de l’action gouvernementale : le scrutin turc ne fait pas exception.

L’enjeu premier de la modification constitutionnelle est la présidentialisation du régime. Étienne Copeaux revient sur le détail des amendements et de leurs conséquences institutionnelles20. Dans les faits, il s’agit bien d’élargir les pouvoirs de la fonction présidentielle et de réduire ceux du Parlement. La réforme entérinerait ainsi une forme d’exercice du pouvoir déjà à l’œuvre : l’état d’urgence turc, en vigueur depuis le 20 juillet, permet à l’exécutif de passer outre la validation parlementaire, tandis que le président Erdoğan est omniprésent sur la scène politique. De même, l’article qui dispose que le président de la République pourrait rester président de son parti ne constituera qu’une rupture législative avec la situation actuelle en Turquie, la personnalité du président dominant largement celle du Premier ministre et du président du parti.

Ainsi, les enjeux autour de ce vote allaient bien plus loin qu’une simple réforme constitutionnelle. Il s’agissait de valider, à travers la personne de R. T. Erdoğan, le projet de société qu’il incarne désormais à presque tous les niveaux. Par exemple, à Şalpazarı (une localité située dans la région de Trabzon), une banderole déployée par la municipalité (MHP) liait le Oui au référendum avec la poursuite des chantiers d’infrastructures et de développement local21.  À l’inverse, le vote Non tend à être assimilé, par les tenants d’une ligne pro-gouvernementale stricte, à un vote antinational affilié au terrorisme et à la trahison. Nous pouvons à ce titre retenir le sondage publié par le maire d’Ankara Melih Gökçek auprès de ses abonnés Twitter, les options de justification de leur vote pour les partisans du Non étant les suivantes22 :

Traduction : Vous avez réclamé un sondage sur le non, le voici / La question « Pourquoi dites-vous non ? » / 9% parce que je suis de FETÖ [Fethullahçı Terör Örgütü – Organisation Terroriste Fethullahiste] / 8% parce que je suis du PKK / 52% parce que je suis du CHP / 31% parce que je suis un ennemi de la Turquie 7558 votes – résultat final

Bien que les résultats de cette enquête soient invalides car ils échappent à toute rigueur méthodologique, une telle formulation par un élu nous renseigne sur la polarisation souhaitée de l’électorat. Celle-ci consisterait à désigner les ennemis de l’État au-delà des affiliations partisanes, voire de l’opinion des citoyens à l’égard de la réforme constitutionnelle.

Une interrogation subsiste cependant. Le recours aux urnes – en dehors des échéances prévues – a déjà été sollicité par l’AKP pour relégitimer son action et sa représentativité. Ce fut par exemple le cas des élections locales puis présidentielles de 2014 après les contestations de Gezi en juin 2013.   De même, les élections législatives anticipées de novembre 2015 prirent la forme d’une démonstration de force de l’AKP après que le scrutin de juin 2015 ait donné à voir une baisse de ses scores électoraux habituels, et que plusieurs scandales financiers aient entaché la réputation du gouvernement AKP.

Illustration de la convergence des différents scrutins vers un but unique. Traduction : la volonté du peuple / la force du peuple / objectif 2023 / objectif 2053 / objectif 2071

En outre, depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet, la défense de la démocratie turque est devenue l’élément central du discours gouvernemental et de la mobilisation des milieux favorables au Parti de la Justice et du Développement. Dans ce discours, la résistance populaire au putsch, ajoutée à la majorité électorale détenue par l’AKP, ferait du parti au pouvoir l’expression de la « volonté nationale » (milli irade), un thème régulièrement mobilisé pour défendre l’action ou les projets du gouvernement23.  La rhétorique de l’AKP promeut ainsi l’équation selon laquelle : le gouvernement est majoritaire, donc le gouvernement représente le peuple, ainsi s’opposer aux initiatives du gouvernement revient à s’opposer au peuple. Ce syllogisme a par exemple été opposé à ceux qui critiquaient le débat sur le rétablissement de la peine de mort au lendemain du putsch24.   Aussi le scrutin du 16 avril voit l’AKP mettre en jeu sa précieuse légitimité populaire, c’est-à-dire sa principale ressource politique tant sur le plan domestique qu’à l’échelle internationale. En ce sens, l’incertitude que les sondages donnaient à voir inquiétait déjà les milieux pro-gouvernementaux, qui ne pouvaient se contenter d’une victoire sur le fil du rasoir dès lors que le referendum prenait la forme d’un plébiscite25. La nature « césariste » donnée à ce scrutin constitue d’ailleurs une stratégie récurrente pour le Parti de la Justice et du Développement, qui manifeste une approche plébiscitaire de la démocratie relativement similaire à celle des autres formations populistes26.

3 ) L’organisation du vote

Comme nous l’avons précédemment mentionné, le vote de la diaspora fut particulièrement mobilisé durant le référendum (eu égard aux résultats serrés annoncés par différents instituts de sondages). En effet, l’on estime à 2 972 67627 le nombre de citoyens turcs résidant à l’étranger (dont la moitié d’entre eux en Allemagne28). Ces derniers pouvaient voter entre le 27 mars et le 9 avril 201729, dans l’un des 120 bureaux de vote mis à disposition dans les 57 pays où réside la diaspora turque30, indépendamment de leur lieu de résidence31. Du point de vue de l’AKP, l’enjeu de la mobilisation de l’électorat émigré était d’autant plus fondamental que le vote islamo-conservateur s’avère être fermement enraciné au sein des communautés turques expatriées (notamment en France et en Allemagne).

En Turquie même, le vote avait lieu le 16 avril et se terminait à 16h dans les provinces de l’Est et du Sud-Est anatolien32, et à 17h dans le reste du pays. Plus généralement, 58 291 898 citoyens turcs âgés de 18 ans et plus avaient le droit de voter, à l’exception des conscrits en opération, des étudiants en écoles militaires et des personnes incarcérées pour crimes internationaux (soit 570 000 citoyens non autorisés à voter)33. Le 11 février, le Conseil Supérieur des Élections (Yüksek Seçim Kurulu – YSK) annonça que, sur les 95 partis qu’elle reconnaît officiellement, 10 d’entre eux avaient rempli les conditions requises pour être autorisés à participer à la campagne référendaire34. L’enregistrement des citoyens sur les listes électorales est également réalisé par le YSK, sur la base de données (mises à jour quotidiennement) délivrées par le ministère de l’Intérieur. Les électeurs avaient la possibilité de vérifier les données les concernant entre le 18 et le 26 février. Les listes électorales définitives furent adoptées le 10 mars, et incluaient 467 984 modifications des listes précédentes, parmi lesquelles 442 458 changements d’adresses et 25 526 nouveaux électeurs35.

II / Le climat préréférendaire

1 ) Un contexte économico-social tendu

La tentative de coup d’État, le regain des violences dans le Sud-Est anatolien depuis juillet 2015 (voir notre édition du 20 août 2015) et les diverses crises diplomatiques avec l’Europe ont gravement entamé le miracle économique turc. La livre atteint ainsi un de ses niveaux de change les plus bas depuis une décennie, loin de l’époque où cette monnaie s’échangeait presque à parité avec le dollar américain (v. le graphique ci-dessous).

Taux de change livre turque – dollar américain depuis 2007. Sur les années récentes, les différents chocs (Gezi, la dispute avec la Cemaat et les scandales de corruption, Suruç et la tentative de coup d’État) sont particulièrement visibles

La croissance turque est elle aussi en panne, desservie par l’instabilité régionale et intérieure à laquelle Ankara fait face ; elle est présentement de 4,1%. Parallèlement à ce ralentissement, un quart des Turcs de moins de 25 ans sont au chômage et la consommation des ménages ralentit.36

Sur le plan social, la principale variable inconnue susceptible d’impacter la dynamique est une conséquence de la réaction du gouvernement à la tentative de coup d’État. Selon le site Turkey Purge qui met en ligne un bilan des radiations, détentions et fermetures ordonnées depuis le 15 juillet 2016 à la faveur de l’état d’urgence, environ 134 000 personnes ont été inquiétées (suspendues ou radiées) dont 93 000 ont été ou sont en détention/garde à vue.37 Ces purges ont un effet qui s’étend aux familles et aux proches des individus visés, formant un contingent de plusieurs centaines de milliers de personnes affectées par les suites du coup d’État. Mise au ban de la société, il est difficile d’imaginer cette nouvelle catégorie de personnes se prononcer en faveur d’un renforcement des pouvoirs de Recep Tayyip Erdoğan. Toutefois, il n’est pas plus aisé d’évaluer leur positionnement politique, d’autant que ce mécontentement ne s’exprime pas publiquement.

La situation sécuritaire affecte également le scrutin, du fait des menaces intérieures et extérieures auxquelles fait face Ankara. Du point de vue gouvernemental, la Turquie est en proie à au moins trois menaces intérieures qui menacent son existence, par ordre décroissant : le FETÖ, le PKK/PYD et le terrorisme islamiste.38 La lutte contre ces organisations – dont les deux premières sont souvent comparées voire assimilées – occupe une place prépondérante dans l’actualité turque et chaque semaine convoie son lot d’opérations judiciaires et militaires. Ce climat donnait à voir une radicalisation de la campagne, dans la mesure où l’accusation de trahison glissait vers les partis traditionnels d’opposition ainsi que vers l’Europe, offrant une dimension nouvelle au « syndrome de Sèvres »39.

Traduction : Les intellos aux mains souillées de sang, les CHP, HDP, FETÖ, PKK, PYD-YPG, DHKP-C, s’y opposent, on a l’habitude, mais c’est quoi le problème dans les pays européens ? À quel jeu jouent-ils ?

Ainsi, le 13 mars dernier, D. Bahçeli lançait : « Les intellos aux mains souillées de sang, les CHP, HDP, FETÖ, PKK, PYD-YPG, DHKP-C, s’y opposent on a l’habitude, mais c’est quoi le problème dans les pays européens ? À quel jeu jouent-ils ?  ». Cette criminalisation de l’opposition rejaillissait sur la campagne du référendum. Ainsi, le quotidien pro-gouvernemental à grand tirage Sabah se faisait, le 6 avril, l’écho d’une rumeur selon laquelle le FETÖ distribuerait 50 dollars aux citoyens turcs qui voteraient Non, le journaliste avertissant : « Si dans les heures qui suivront l’ouverture des urnes le ‘Non’ l’emporte, les sections militantes du CHP, du HDP, de FETÖ, du PKK et du DHKP-C se répandront dans les rues pour déclencher une rébellion »40. Ainsi, la menace de la guerre civile et de la déstabilisation était brandie par les franges les plus agressives du camp pro-gouvernemental, entretenant une certaine fébrilité sociale à l’approche du scrutin (voir notre édition du 13 avril 2017).

2 ) La conjoncture partisane avant le début de la campagne : point de situation

D’après le dernier rapport annuel publié par Freedom House, la Turquie serait le deuxième pays à avoir connu le plus grand recul en termes de liberté depuis une décennie (derrière la République Centrafricaine et devant la Gambie)41. Les données du projet Polity IV42 offrent toutefois un regard plus contrasté sur l’évolution de la situation politique turque depuis l’élection du Parti de la Justice et du Développement : Polity IV nous propose un indice de démocratisation structuré autour d’une échelle allant de 0 à 10. Or, au niveau du cas turc, l’on constate que cet indice s’élevait à 8 de 2002 à 2010, et progressa même jusqu’à 9 entre 2011 et 2013, avant de décliner brusquement à 4 de 2014 à 201543. En témoigne l’actuelle situation de la presse turque : le tiers des journalistes emprisonnés dans le monde le sont en Turquie (où plus de 80 membres de cette profession sont actuellement derrière les barreaux).4445

L’année 2016 constituera sans doute une annus horribilis  pour la situation de la démocratie en Turquie. Rappelons que douze députés membres du Parti Démocratique des Peuples furent arrêtés dans la nuit du 3 au 4 novembre46, accusés d’entretenir des liens avec l’organisation séparatiste PKK (Partiya Karkerên Kurdistan – Parti des Travailleurs du Kurdistan). De surcroît, le vice-président du HDP (Selahattin Demirtaş) fut condamné le 21 février dernier à cinq mois d’emprisonnement pour « dénigrement de la nation turque, de l’État et des institutions de la République de Turquie ». Accusé de soutien au terrorisme, l’ex-candidat à l’élection présidentielle pourrait être aussi condamné à une peine de 142 ans de prison47. Le parquet a également requis 83 années d’emprisonnement pour son homologue Figen Yüksekdağ48.

Cette année fut également marquée (comme nous l’avons précédemment évoqué) par l’affirmation de dissensions internes au sein du Parti d’Action Nationaliste, certains cadres réclamant le départ de Devlet Bahçeli de son poste de secrétaire général. La justice, après moult atermoiements, décida de ne pas autoriser la tenue d’un congrès qui devait initialement avoir lieu le 15 mai (à la suite duquel l’actuel leader du MHP aurait sans doute été destitué). L’intervention de la police en vue d’empêcher la tenue de ce congrès fut d’ailleurs interprétée par Meral Akşener comme étant la preuve d’un soutien implicite du pouvoir islamo-conservateur à Devlet Bahçeli49. Par la suite, le congrès qui devait théoriquement avoir lieu le 10 juillet fut également annulé par le Conseil Supérieur des Élections (Yüksek Seçim Kurulu – YSK)50. Le contexte post-coup d’État s’avéra encore moins propice à la contestation interne de l’actuelle direction du MHP, le site d’Ülkücü TV allant jusqu’à diffuser une vidéo où l’on pouvait entendre Meral Akşener dire « Je deviendrai Première ministre », ou encore « Après le 15, les choses vont changer »51 (entretenant l’idée d’une proximité entre l’ex-ministre de l’Intérieur et les putschistes du 15 juillet). Ces images furent d’ailleurs relayées par une partie de la presse tabloïd pro-gouvernementale, comme Yeni Akit52.

Bénéficiant d’une plus grande cohésion interne, le Parti Républicain du Peuple n’en demeure pas moins confronté à un certain problème de leadership. Kemal Kılıçdaroğlu, l’actuel président général du parti kémaliste, est à la tête du CHP depuis 2010 (date à laquelle il succéda à Deniz Baykal, alors pris dans un scandale de mœurs). Or, cet économiste de formation n’a jamais bénéficié d’une forte cote de popularité dans l’opinion : selon le Turkey’s Pulse de Metropoll, le taux d’approbation à l’égard du travail politique de K. Kılıçdaroğlu aurait toujours oscillé entre 20 et 30 % (à l’exception d’un taux de satisfaction de 43,4 % en janvier 2011). L’on constate d’ailleurs qu’en février 2017, une proportion non négligeable d’électeurs kémalistes (24,8 %) n’approuvait pas le travail du leader du CHP. Plus généralement, 66,5 % des Turcs évaluaient négativement le rôle de Kemal Kılıçdaroğlu. En outre, la décision prise par le président général de participer au meeting de Yenikapı fut critiquée au sein même du Parti Républicain du Peuple, notamment par Fikri Sağlar, Ali Şeker et Tanju Özcan, respectivement députés de Mersin, Istanbul et Bolu.

Même si la base électorale actuelle du CHP oscille autour de 25 % et peine à conquérir de nouveaux votes, une vivacité kémaliste perdure à travers certaines figures de la société civile, telles que l’avocat Metin Feyzioğlu, président de l’Union des Barreaux de Turquie (Türkiye Barolar Birliği – TBB). Fils du politicien Turhan Feyzioğlu53, ce juriste avait gagné en notoriété suite à son discours violemment critique envers le bilan de l’AKP, prononcé en présence de Recep Tayyip Erdoğan lors du 146e anniversaire du Conseil d’État54. Or, Metin Feyzioğlu dénonça virulemment (en janvier 2017) le projet constitutionnel défendu par l’AKP, en l’accusant de transformer la présidence de la République en une institution partisane55. Faisant montre d’une verve assez combative, le président de la TBB alla jusqu’à comparer la nouvelle Constitution à un « jeu de marionnettes global »56. R. T. Erdoğan l’accusa, de son côté, de faire campagne auprès du CHP et du HDP, ainsi que d’entretenir des liens avec des individus liés à des organisations terroristes57. Le cas Feyzioğlu démontre donc l’existence d’une combattivité kémaliste résiduelle dans certaines institutions, même si celle-ci tient plutôt de la réaction que de la proposition. L’avenir de ces derniers bastions d’opposition au pouvoir islamo-conservateur constitua d’ailleurs l’un des enjeux de la campagne référendaire.

III / Une campagne clivée

1 ) Les stratégies des forces politiques

Comme nous l’avons précédemment évoqué, la campagne électorale du Parti de la Justice et du Développement en faveur du Oui s’est caractérisée par un usage inédit du référentiel religieux. Rappelons que le 5 mars dernier, le ministre de la Santé Recep Akdağ fit campagne pour le Oui dans une mosquée à Trabzon. L’AKP bénéficia d’ailleurs de l’appui de figures religieuses renommées. Le théologien Vehbi Güler accusa les partisans du Non d’être inspirés par Satan58, tandis que son collègue Hayrettin Karaman déclara : « La plupart d’entre eux sont des membres notoires du CHP et du HDP, des ‘’Turcs blancs’’59, des kémalistes, des opposants à l’islam, des admirateurs de l’Occident qui sont aliénés par leurs propres valeurs, ceux qui ne veulent pas que la Turquie soit forte, ceux qui ne veulent pas que le monde islamique soit uni, ceux qui ne veulent pas que la Turquie et l’Orient quittent l’orbite défini par l’Occident.60 » Dans le district stambouliote d’Ümraniye, l’imam local Hüseyin Güleç accusa les partisans du Non d’être des ignorants, et Masum Bayraktar (l’une des autorités spirituelles de la confrérie İsmailağa) décrivit ces électeurs comme étant « étrangers », « infidèles »61. En France, la mobilisation du référentiel religieux peut être illustrée par la décision des autorités turques de se servir de plusieurs infrastructures abritant des lieux de culte pour y organiser le vote. Cette décision a été notamment critiquée par des membres d’associations identitaires alévie et kurde.62

Face au vote Non pressenti de la part de l’électorat nationaliste, la campagne du Parti de la Justice et du Développement fut ponctuée par plusieurs appels aux partisans du MHP. Le 21 février 2017, durant une réunion du groupe parlementaire de l’AKP, le Premier ministre Binali Yıldırım effectua le salut des « Loups Gris » et déclara : « Mes frères nationalistes et idéalistes ont dit ‘’Mon pays d’abord, ma nation d’abord’’ et nous avons pris la route ensemble. Comment oublier cela ?63 » Le climat de tension avec l’Europe fut également mobilisé au sein d’une rhétorique nettement nationaliste. Par exemple, lors d’un meeting organisé à Ardahan le 15 mars dernier, B. Yıldırım expliqua que « La politique européenne est désormais déterminée par la Turquie » et qu’« Ils ne peuvent pas nous  détourner de notre voyage sacré. Le 16 avril, la Turquie rugira ‘’Oui’’ en direction de l’Europe »64. Par ailleurs, le contexte sécuritaire troublé dans lequel est plongé la Turquie depuis la multiplication des attentats influença la rhétorique du mouvement islamo-conservateur : le chef du gouvernement affirma (lors du meeting ayant eu lieu à Ankara, le 25 février dernier) que « Le nouveau système mettra fin au terrorisme, éliminera le terrorisme65 » et accusa le PKK, Daesh et les gülenistes de faire campagne pour le Non66. Vingt jours auparavant, B. Yıldırım avait également tenu les propos suivants ((Cité dans « Yıldırım: PKK, FETÖ, HDP ‘Hayır’ dediği için ‘Evet’ diyoruz », Al Jazeera Türk, 5 février 2017. Disponible sur : http://www.aljazeera.com.tr/haber/yildirim-pkk-feto-hdp-hayir-dedigi-icin-evet-diyoruz )) :

« Pourquoi disons-nous ‘’oui’’ ? Le PKK dit ‘’non’’, c’est pourquoi nous disons ‘’oui’’. Le FETÖ dit ‘’non’’, c’est pourquoi nous disons ‘’oui’’. Le HDP dit ‘’non’’, c’est pourquoi nous disons ‘’oui’’. Regardez les ‘’nonistes’’ et prenez votre décision en conséquence. En disant ‘’oui’’ face au séparatisme, en disant ‘’oui’’ face au FETÖ, cette nation leur donnera une bonne leçon durant le référendum d’avril.  »

De même, lors d’un meeting ayant eu lieu à Ordu le 13 avril, Recep Tayyip Erdoğan affirma qu’ « Après le 16 avril, la Turquie pourra lutter contre les organisations terroristes et les pouvoirs qui soutiennent ces organisations d’une manière plus déterminée »67.

Durant cette campagne, le Parti de la Justice et du Développement reçut le soutien du Parti de la Libre Cause (Hür Dava PartisiHüda-Par), un mouvement kurde d’obédience islamiste, issu du Hizbullah68. Bien que jugeant les changements constitutionnels proposés par l’AKP « incomplets » et « insuffisants », le leader du Hüda-Par (Zekeriya Yapıcıoğlu) estima que cette réforme constituait un premier pas vers une Constitution civile, et appela donc à voter « oui »69. Il semblerait d’ailleurs qu’une alliance tacite unisse désormais l’AKP et le Hüda-Par contre le HDP. Rappelons qu’aux élections législatives du 1er novembre 2015, le Parti de la Libre Cause ne présenta pas de candidats70 : sans doute s’agissait-il d’une stratégie de soutien implicite à l’AKP, en vue de ne pas diviser le vote kurde conservateur face au Parti Démocratique des Peuples.

Comme nous l’avons précédemment mentionné, la réforme constitutionnelle portée par le Parti de la Justice et du Développement fut également défendue par Devlet Bahçeli. Écartant d’un revers de la main les risques de voir un régime autoritaire s’installer en Turquie, le leader du Parti d’Action Nationaliste alla jusqu’à déclarer qu’une dictature ne pouvait être instaurée « puisque ‘’dictateur’’ n’est pas un mot turc71 ». D. Bahçeli présenta le vote Oui comme une réponse aux gülenistes, au PKK, au PYD, au DHKP-C, ainsi qu’aux « ennemis du monde turc »72. Le 7 février, lors d’une réunion du groupe parlementaire du MHP, il appela également à dire « oui pour la nation, oui pour l’État, oui pour la survie de la turcité73 », et critiqua violemment le Parti Républicain du Peuple74. Cette attitude critique à l’égard du CHP (apparue suite au rapprochement entre l’AKP et le MHP, consécutif à l’attentat d’Ankara du 13 mars 201675) constitue d’ailleurs une rupture notable par rapport à la stratégie précédemment employée par D. Bahçeli : rappelons que ce fut le leader nationaliste qui proposa une candidature commune entre le CHP et le MHP pour l’élection présidentielle du 10 août 201476. Toutefois, la position du leader du MHP était loin de faire l’unanimité au sein de son propre parti. Ainsi, le 18 février 2017, Sinan Oğan, Koray Aydın, Meral Akşener et Ümit Özdağ constituèrent une plateforme intitulée « Les nationalistes turcs disent ‘’Non’’ »77. Cette fraction du MHP accusa d’ailleurs le PKK, le HDP et les gülenistes de soutenir secrètement le Oui : cet argument était notamment présent dans les colonnes du journal Yeniçağ78 (connu pour sa proximité avec les dissidents du MHP) et par Sinan Oğan lui-même79. Cette fraction du Parti d’Action Nationaliste mobilisait également l’argument sécuritaire durant sa campagne pour le Non, en accusant le gouvernement AKP d’incompétence sur l’enjeu de la lutte antiterroriste80. De plus, vers la fin de la campagne (le 13 avril), Devlet Bahçeli lui-même critiqua l’évocation d’une fédéralisation de la Turquie par les conseillers de R. T. Erdoğan81, ce qui fut interprété par une partie de la presse comme un « signal pour le non »82.

Parmi les formations de droite radicale, les islamistes du Parti de la Félicité (Saadet Partisi – SP) se prononcèrent contre cette réforme constitutionnelle. Tout en affirmant ne pas être opposé par principe au régime présidentiel83, le dirigeant nouvellement élu de ce parti (Temel Karamollaoğlu) dénonça un « empire de la peur » et critiqua le bilan social des gouvernements AKP successifs84, mais fit également part de ses inquiétudes quant à l’affirmation éventuelle d’un « régime dictatorial »85. Néanmoins, T. Karamollaoğlu fit savoir dès février que son parti ne ferait pas campagne pour le Non afin de « ne pas attiser les tensions »86. Une telle attitude relève sans doute d’un calcul stratégique de la part du Saadet : partageant la même base électorale que l’AKP, il est probable que l’organisation erbakanienne n’ait pas souhaité s’aliéner la fraction de son électorat qui serait tentée par le Oui.

Enfin, le Non fut également défendu par les deux principaux partis d’opposition : le Parti Républicain du Peuple et le Parti Démocratique des Peuples. Le HDP fit campagne en insistant sur le risque d’un tournant autoritaire plus affirmé en cas de victoire du Oui. Par exemple, le député d’Izmir Ertuğrul Kürkçü expliqua (dans une interview publiée par Kom News) que le projet constitutionnel défendu par l’AKP ne respectait pas le principe de séparation des pouvoirs, et affirma aussi que le référendum ne pouvait être organisé dans un contexte d’état d’urgence. Il alla jusqu’à déclarer qu’« Un vote ‘’oui’’ conduirait à une institutionnalisation du fascisme en Turquie », et qu’une dérive « trumpiste » pourrait alors se manifester du fait de la faible autonomie du pouvoir judiciaire turc. E. Kürkçü redoutait, par ailleurs, le non-respect du scrutin par R. T. Erdoğan en cas de victoire du Non87. Lors d’un meeting ayant eu lieu à Izmir, le député d’Ankara Sırrı Süreyya Önder interpella directement le leader de l’AKP, en reprenant les paroles  tenues par Selahattin Demirtaş lors d’un discours prononcé avant les législatives du 7 juin 2015 (à la suite desquelles le Parti de la Justice et du Développement perdit sa majorité absolue) : « Nous ne ferons pas de toi le président.88 » Par conséquent, le Parti Démocratique des Peuples adopta le slogan suivant durant cette campagne référendaire : « Pour une république démocratique et une patrie commune, non ! »89

Le Parti Républicain du Peuple mena également une vigoureuse campagne d’opposition à la présidentialisation du régime turc. Le 15 mars dernier, Kemal Kılıçdaroğlu mena une charge contre le bilan sécuritaire des gouvernements AKP successifs : « Ils disent ‘’Si le oui l’emporte, nous allons mettre un terme au terrorisme’’ ; cela fait quinze ans que vous êtes aux affaires, qui vous a empêché d’y mettre un terme ?90 » Durant ce même discours, le dirigeant kémaliste critiqua également la politique étrangère menée par Recep Tayyip Erdoğan, notamment son  interventionnisme sur le dossier syrien : « Nos enfants partent à Al-Bab, nos enfants meurent en martyrs, mais leurs enfants en sont dispensés.91 » Commentant la polémique entre les autorités turques et néerlandaises, Kemal Kılıçdaroğlu accusa (le 13 mars) les pays européens de connivence avec le pouvoir islamo-conservateur : « Ces gouvernements soutiennent évidemment le camp du ‘’oui’’. Comment pouvez-vous renvoyer l’avion du pays d’un ministre étranger ? Cela est fait pour créer du désordre.92 » En outre, le leader du CHP blâma (lors d’un meeting ayant eu lieu à Amasya, le 15 mars) le tournant partisan pris par la présidence de la République, ainsi que l’absence de contre-pouvoirs dans le projet constitutionnel de l’AKP : « Dans ce système, si vous persuadez le président, vous pouvez contrôler la Turquie en vingt-quatre heures maximum. Il n’y a aucun mécanisme [de contre-pouvoir].93 » K. Kılıçdaroğlu ironisa également sur la rhétorique anti-güleniste de l’AKP, afin de critiquer une approche jugée trop personnalisante du pouvoir : « ‘’FETÖ’’, ‘’FETÖ’’, ‘’FETÖ’’, disent-ils. Combien de temps l’organisation FETÖ a-t-elle agi pour contrôler l’État ? ‘’Ils ont agi pendant 30-35 ans’’, disent-ils. Inutile, cette fois-ci, d’attendre 30-35 ans, car en manipulant une personne, vous vous emparez de tout l’État.94 » En plus de souligner le risque d’une excessive personnalisation du pouvoir, le Parti Républicain du Peuple dénonça (à l’instar de l’ensemble des partis d’opposition ayant soutenu le Non) une dérive autoritaire du pouvoir islamo-conservateur. Les tensions ayant ponctué la campagne référendaire ne sont sans doute pas pour rien dans l’émergence de ce thème de campagne.

Tableau récapitulatif – Les positions des principaux partis politiques sur le référendum :

Partis ayant soutenu le « Oui » Partis ayant soutenu le « Non »
Parti de la Justice et du Développement :

Fondé en 2001

Au pouvoir depuis 2002

Islamo-conservateur

Parti de la Libre Cause :

Fondé en 2012

Issu du Hizbüllah

Islamiste et pro-kurde

Parti de la Patrie :

Fondé en 1992

Faible électoralement, mais influent au sein de l’armée et de la haute fonction publique

D’inspiration socialisante, kémaliste et nationaliste

Parti d’Action Nationaliste (la direction du parti soutenait le « Oui », mais une fronde interne défendait le « Non ») :

Fondé en 1969

Nationaliste et pantouraniste

Parti de la Félicité (s’est prononcé pour le « Non », mais a refusé de faire campagne) :

Fondé en 2001

Héritier du mouvement Vision Nationale (Millî Görüş)

Islamiste

Parti Démocratique des Peuples :

Fondé en 2012

Pro-kurde, multiculturaliste et écologiste

Parti Républicain du Peuple :

Fondé en 1923, refondé en 1992

Kémaliste, laïc et social-démocrate

2 ) Le déroulement de la campagne

La campagne fut caractérisée par un climat de tension politique, couplé à une certaine intimidation des partis d’opposition. Par exemple, le 15 mars 2017, Bülent Yener Bektaşoğlu (député kémaliste de Giresun) fut agressé dans un café par un groupe d’individus, aux cris de : « Vous êtes des traîtres à la patrie, vous êtes des communistes ! »95 D’autres membres du CHP subirent ce type de pressions : ainsi, l’Université du Bosphore annula l’organisation d’un sommet avec Selin Sayek Böke (députée d’Izmir et porte-parole du parti), qui devait prononcer un discours le 19 mars. Un semblable événement qui devait avoir lieu à l’Université Bilgi, en présence d’Aylin Nazlıaka (ex-membre du CHP, actuellement sans étiquette), fut également annulé : sur son compte Twitter, la députée d’Ankara accusa le recteur d’avoir évoqué une « pression intense » au téléphone (ce que nia l’intéressé)96. De plus, dans le district stambouliote de Beykoz, des militants du CHP en train de déployer une banderole en faveur du Non essuyèrent des coups de feu97.

Le Parti Républicain du Peuple n’est cependant pas le seul parti à avoir subi des menaces et de ce type. Comme nous l’avons précédemment souligné, certains dirigeants du Parti Démocratique des Peuples sont incarcérés ou connaissent des déboires avec la justice. Rappelons également que le ministre de l’Intérieur (Süleyman Soylu) se félicita d’avoir fait interdire la diffusion de l’hymne de campagne du HDP, écrit en langue kurde : « Bejin na » (« Dites non ! »)98. Les partisans du Non au sein du Parti d’Action Nationaliste subirent également ce genre de pressions. En effet, cette fraction du MHP (en  particulier Meral Akşener) est fréquemment accusée par la presse pro-gouvernementale d’entretenir des liens avec le mouvement güleniste99. Sinan Oğan subit d’ailleurs une agression le 4 mars dernier, alors qu’il donnait une conférence à l’Université Bahçeşehir100.

Plus généralement, cette campagne fut marquée par une forte polarisation de la scène partisane, ponctuée d’attaques ad hominem entre les différents dirigeants politiques : par exemple, vers la fin de la campagne, Recep Tayyip Erdoğan alla jusqu’à accuser Kemal Kılıçdaroğlu d’avoir eu une conversation téléphonique avec les putschistes du 15 juillet101. De son côté, le leader kémaliste avait violemment critiqué, le 24 mars dernier, la rhétorique anti-européenne adoptée par le président turc (« Veut-il dire effectivement ‘’Je suis responsable pour al-Qaïda, je suis responsable pour Daesh’’ ? »102 ) et déclara que « Ceux qui ne peuvent contrôler leur langage ne peuvent pas administrer l’État103 ».

IV / Des résultats contrastés

1 ) Un scrutin caractérisé par une forte mobilisation électorale

Le taux de participation fut, durant le référendum du 16 avril 2017, particulièrement élevé. En effet, le lendemain du scrutin, les journaux Hürriyet (centre-gauche), Milliyet (centre), Sabah (centre-droit) et Yeni Şafak (droite) s’accordaient à dire que la participation s’éleva à 85,3 %104. Or, il convient de souligner qu’habituellement, la participation électorale aux référendums est relativement faible en Turquie (si on la compare avec ce même taux durant les élections législatives). Ainsi, rappelons que les deux précédents référendums organisés sous l’ère AKP (ceux de 2007 et de 2010) avaient respectivement obtenus 67,5 % et 73,3 % comme taux de participation105. Le vote sur la présidentialisation du régime turc constitue donc, depuis l’élection du Parti de la Justice et du Développement, le référendum ayant connu la plus forte participation électorale. Cependant, si l’on adopte une perspective plus large, nous pouvons remarquer que ce taux était encore plus élevé lors des consultations référendaires de 1988 (88,8 % de participation) et 1987 (93,6%). Nous choisissons ici de ne pas retenir la participation importante durant le référendum de 1982 (91,3%), qui portait d’ailleurs sur l’adoption de la Constitution turque actuelle, eu égard aux pressions subies par l’électorat durant ce scrutin106 (le pays était alors dirigé par la junte militaire du général Kenan Evren).

Par ailleurs, si ce taux de 85,3 % était confirmé par le YSK, la participation au référendum du 16 avril constituerait un record depuis l’élection de l’AKP. Par exemple, le taux de participation, durant les élections législatives de 2002, 2007, 2011, juin et novembre 2015, s’éleva respectivement à 79,1 %, 84,2 %, 83,2 %, 83,9 % et 85,2 %. En ce qui concerne l’élection présidentielle d’août 2014, le taux de participation ne s’élevait qu’à 74,1 %.

2 ) Une victoire en trompe-l’œil pour le camp du Oui

Le 16 avril 2017, le Oui remporta le scrutin avec le soutien de 51,4 % des suffrages exprimés (contre 48,5 % pour le Non)107. Cette victoire sur le fil a obtenu le soutien déterminant de la diaspora (qui fut particulièrement sollicitée par le Parti de la Justice et du Développement durant la campagne référendaire) : à l’étranger, le Oui reçut le soutien de 59 % des voix, face à 40,9 % pour le non (avec 48,1 % de participation, contre 44,7 % durant les législatives de novembre 2015). Si l’on s’intéresse plus spécifiquement au cas français, nous pouvons constater que la communauté turque locale se mobilisa un peu moins que l’ensemble de la diaspora (avec seulement 43,7 % de participation). La mobilisation la plus élevée eut lieu à Bordeaux (50,8 % de participation), tandis que c’est à Paris que la population turque se déplaça le moins pour ce scrutin (40,8 % de participation). À l’exception de Marseille (qui opta pour le Non à 52,4 %), le Oui parvint en tête dans tous les autres consulats turcs de France : 60,2 % à Bordeaux, 86 % à Lyon, 67,8 % à Nantes, 54 % à Paris et 68,2 % à Strasbourg. Plus généralement, nous pouvons constater d’importants contrastes entre les différentes communautés turques composant la diaspora : le Oui obtint 63 % des voix en Allemagne (avec 46,2 % de participation), 70,9 % aux Pays-Bas (46,8 % de participation), 74,9 % en Belgique (53 % de participation) et 73,2 % en Autriche (48,5 % de participation). À l’inverse, le Non gagna 86,6 % des suffrages exprimés au Qatar (avec 45,2 % de participation), 83,8 % aux États-Unis (32,9 % de participation), 72 % au Canada (46,1 % de participation) et 73,2 % en Chine (43,5 % de participation). Bien que les écarts d’effectifs entre les différents pays doivent nous inciter à la prudence108, ce contraste électoral entre communautés turques expatriées nous incite à formuler l’hypothèse suivante : un clivage social diviserait la diaspora turque entre les personnes d’origine rurale et populaire ayant émigré eu Europe (les Gurbetçi) et les cols blancs diplômés insérés dans la globalisation, ayant opté pour l’Amérique du Nord ou les marchés émergents. L’on constate cependant que certaines communautés turques d’Europe ont pourtant voté pour le Non : ainsi, les Turcs du Royaume-Uni ont voté à 79,7 % pour le Non (avec 38,6 % de participation). Leurs compatriotes d’Italie et de Suisse ont également placé le Non en tête, avec respectivement 62 % des voix (40 % de participation) et 61,9 % des voix (53,5 % de participation). Or, il est probable que ces résultats soient la conséquence d’une forte présence kurde au sein des populations turques locales : nous pouvons constater que ces trois communautés expatriées avaient mis en tête le Parti Démocratique des Peuples en novembre 2015 (bien qu’avec une courte avance dans le cas italien109 ).

Il serait toutefois simplificateur de prétendre que le vote kurde se serait unanimement porté sur le Non. Au contraire, il convient de souligner que les provinces de Muş et de Bitlis (qui avaient d’ailleurs accordé la majorité de leurs suffrages au HDP en novembre 2015, avec respectivement 60,6 et 48,6 % des voix) ont chacune mis le Oui en tête le 16 avril, avec 50,5 et 59,3 %. Même si ce facteur explicatif n’est pas entièrement satisfaisant, il est probable qu’une partie des électeurs du HDP aient opté pour l’abstention : la participation électorale a baissé de 2,5 points à Bitlis entre novembre 2015 et avril 2017, et a régressé de 5,5 points entre ces deux scrutins à Muş. Il semble toutefois qu’une fraction des électeurs locaux du HDP ait opté pour le Oui au référendum du 16 avril, étant donné que l’AKP n’avait obtenu que 44,1 % à Bitlis et 34,5 % à Muş lors des dernières élections législatives. Cependant, du fait des nombreuses allégations de fraude ayant entouré l’annonce des résultats, notamment concernant les bulletins en provenance du Sud-Est, il convient d’être prudent au sujet des scores obtenus par le Oui dans ces deux provinces.

Eu égard aux divisions internes que manifesta le MHP durant la campagne référendaire, il est nécessaire de s’interroger sur le vote des nationalistes durant cette campagne. Nous avons ici sélectionné trois provinces ayant la particularité d’être ou d’avoir été les fiefs électoraux des frondeurs du MHP110 : Gaziantep (où Ümit Özdağ est député depuis juin 2015), Trabzon (où Koray Aydın a été député jusqu’en novembre 2015) et Iğdır (où Sinan Oğan a été député de 2011 à juin 2015). Nous avons également pris dans notre échantillon Osmaniye (fief de Devlet Bahçeli, partisan du Oui, depuis 1999), ainsi que toutes les provinces où le Parti d’Action Nationaliste avait obtenu plus de 20 % des suffrages exprimés lors des dernières élections législatives : Isparta, Mersin, Kırıkkale, Kırşehir et Gümüşhane.

Commençons par les (ex-)fiefs des nonistes du MHP. Dans la province de Trabzon, l’AKP avait obtenu 66,5 % des voix en novembre 2015. Or, l’on remarque une quasi-similarité entre ce résultat et le score du Oui le 16 avril, qui s’éleva à 66,4 %. Cela nous conduit à penser que dans cette province, les 12,9 % d’électeurs qui avaient opté pour le MHP lors des dernières législatives ne se sont pas reportés sur le Oui. Un phénomène similaire est d’ailleurs observable à Gaziantep : en novembre 2015, le Parti de la Justice et du Développement avait reçu le soutien de 61,5 % des électeurs locaux, tandis que le Parti d’Action Nationaliste n’avait obtenu que 9,5 % des suffrages exprimés. Là aussi, la majorité des électeurs du MHP semble avoir boudé le Oui, puisque celui-ci fut approuvé avec un score presque symétrique (62,4 %) avec celui de l’AKP durant le scrutin précédent. Le cas d’Iğdır s’avère être particulier, puisque le Non arriva en tête dans cette province avec 65,2 % des suffrages exprimés (contre 34,8 % pour le Oui). Cependant, comme dans les deux précédents exemples mentionnés, l’on constate ici une certaine continuité dans les comportements électoraux : 31,7 % des électeurs locaux avaient choisi l’AKP, tandis que les scores cumulés du HDP (arrivé en tête en novembre 2015) et du MHP totalisaient 64,2 % des suffrages exprimés. Cette similarité dans les résultats nous incite à penser qu’à Iğdır, la majorité des électeurs nationalistes n’ont pas voté pour le Oui. Une certaine continuité électorale entre les votes pour l’AKP et ceux en faveur du Oui peut être également constatée à Kırıkkale : les électeurs de cette province votèrent à 62,4 % pour le Oui lors du référendum d’avril et furent 62,2 % à voter pour le mouvement islamo-conservateur durant le précédent scrutin. Dans ce cas également, on relève que le Oui a obtenu le soutien presque exclusif des électeurs de l’AKP, alors que le MHP recueillait 20,5 % des suffrages exprimés en novembre 2015.

La situation s’avère être un peu différente à Osmaniye : en novembre 2015, l’AKP et le MHP avaient obtenu respectivement 47 et 33,8 % des votes. Contrairement aux trois exemples que nous avons évoqué tout à l’heure, le score du Oui en avril 2017 s’avère être supérieur à celui de l’AKP lors des dernières législatives : 57,8 % des électeurs locaux ont voté pour le Oui. Il s’agit néanmoins d’une victoire locale en demi-teinte pour la stratégie de Devlet Bahçeli : la somme des électorats de l’AKP et du MHP totalisait 80,8 % des électeurs en novembre 2015. Les 57,8 % obtenus par le Oui démontrent donc que, si une fraction des nationalistes a bien approuvé le projet de réforme constitutionnelle porté par R. T. Erdoğan et D. Bahçeli, celle-ci demeure toutefois minoritaire par rapport à la majorité de l’électorat MHP d’Osmaniye. Un phénomène similaire semble avoir eu lieu à Gümüşhane : le score local du Oui (75,1 %) s’avère être supérieur à celui obtenu par l’AKP au précédent scrutin (68 %). Toutefois, si les 22,7 % d’électeurs nationalistes de novembre 2015 s’étaient massivement reportés sur le Oui, ce dernier aurait pu obtenir théoriquement 90,7 %. Les 75,1 % du Oui dans cette province tendent à démontrer que les électeurs locaux du MHP furent minoritaires à suivre les recommandations de Devlet Bahçeli. Nous observons des phénomènes similaires à Isparta, Mersin et Kırşehir : dans ces trois provinces, le Oui obtint un score supérieur (respectivement 56 %, 35,9 % et 53,2 %) à celui réalisé par le mouvement islamo-conservateur durant le précédent scrutin (53,3 %, 31,7 % et 50,8 %). Cela nous incite à penser qu’une partie des électeurs du MHP a voté en faveur de la réforme constitutionnelle proposée par l’AKP, mais que cette tendance est minoritaire au sein de l’électorat : eu égard aux suffrages recueillis par le MHP à Isparta (20,1 %), à Mersin (21 %) et à Kırşehir (23,8 %), le Oui aurait dû bénéficier d’une avance électorale bien plus large en cas de report massif des électeurs nationalistes.

Par ailleurs, nous pouvons souligner que dix-sept provinces ayant voté majoritairement pour le Parti de la Justice et du Développement pendant les législatives de novembre 2015 ont voté pour le Non durant le référendum du 16 avril : Çanakkale, Balıkesir, Manisa, Uşak, Denizli, Antalya, Mersin, Adana, Hatay, Yalova, Zonguldak, Istanbul, Ankara, Bilecik, Artvin, Ardahan et Eskişehir. Si l’on adopte une échelle plus fine, nous pouvons également remarquer le basculement du côté du Non de dix ilçe (districts) stambouliotes qui avaient placé l’AKP en tête lors du précédent scrutin : il s’agit de Kartal, Üsküdar, Eyüp, Ataşehir, Esenyurt, Beylikdüzü, Avcılar, Sarıyer, Küçükçekmece et Büyükçekmece. Un même phénomène (bien que d’ampleur moindre) se manifeste à Ankara, où quatre ilçe ayant voté pour la formation de R. T. Erdoğan durant les dernières législatives se sont néanmoins portés sur le Non le 16 avril : Mamak, Etimesgut, Yenimahalle et Elmadağ. Ces basculements d’Istanbul et d’Ankara dans le camp du Non sont d’autant plus surprenants que ces deux villes sont administrées par un maire islamiste/islamo-conservateur depuis 1994111.

Une telle évolution politique nous renseigne peut-être sur les dynamiques actuellement à l’œuvre au sein de l’électorat AKP : la base électorale de ce mouvement s’avère être assez hétéroclite, et regroupe aussi bien des islamistes et certains nationalistes que des conservateurs modérés et des libéraux. Il est probable que les électeurs de centre-droit aient voulu manifester, à travers leur opposition à cette réforme constitutionnelle, leur défiance à l’égard du tournant autoritaire pris par Recep Tayyip Erdoğan. En outre, les difficultés économiques que traverse actuellement la Turquie112 ont sans doute contribué à alimenter le vote Non dans une partie de l’électorat habituel du Parti de la Justice et du Développement.

V / Les conséquences politiques du référendum

1) Les conséquences des résultats en termes de politique nationale : l’issue du référendum, loin d’apaiser le climat social, attise des tensions déjà vives

Dans la soirée du 16 avril, plusieurs polémiques concernant des accusations de fraude prennent de l’ampleur. La première concerne la décision du YSK, prise dans la journée, de comptabiliser les bulletins de votes provenant d’urnes non-scellées.113 Cette décision a été particulièrement critiquée par les partis d’opposition, alors que plusieurs vidéos amateur faisant état de supposés bourrages d’urnes circulaient sur les réseaux sociaux.

De plus, les représentants de l’opposition ont interrogé les estimations données par l’agence de presse pro-gouvernementale Anadolu Ajansı, alors que le YSK, qui n’avait alors validé que la moitié des bulletins de vote, donnait le Non légèrement en tête. Meral Akşener déclara, vers 20h30, avoir été informée par son représentant que le Non était en tête selon le compte du YSK.114 Simultanément, Eren Erdem, député du CHP, lançait un appel dénonçant des irrégularités depuis son compte Twitter.

Traduction : Les amis. / Les données d’A[nadolu] A[jansı] sont diffusées partout. / D’après celles que nous avons, le NON est en tête. / Le YSK n’a pas annoncé les résultats. / Stop ce n’est pas encore fini…

Peu de temps après, le site internet du YSK se trouva hors ligne, suscitant dans l’opposition des accusations de fraude. Sur la base de cette décision, le CHP et le HDP firent savoir, dans la soirée, leur intention de contester une partie des votes115. Suite à cet imbroglio, des manifestants se rassemblèrent spontanément devant les locaux du YSK à Ankara, rapidement sécurisés par la police ; des incidents mineurs ont été rapportés116.

Du côté pro-gouvernemental, le premier discours de victoire fut prononcé par le Premier ministre aux alentours de 21h. Saluant une décision « historique » et l’ouverture d’une « nouvelle page », B. Yıldırım a remercié la nation turque, le président Erdoğan ainsi que D. Bahçeli pour avoir « contribué à la victoire ».117 Le président Erdoğan, quant à lui, s’est exprimé peu de temps après à la foule, dans une déclaration où il a réitéré son intention de signer le rétablissement de la peine de mort si celui-ci était approuvé par le Parlement et, dans le cas contraire, de soumettre ce débat à un nouveau référendum.118 Simultanément, le Conseil National de Sécurité a prononcé une recommandation en faveur d’un troisième prolongement de l’état d’urgence pour trois mois, une position retenue par le conseil des ministres du 17 avril, présidé par Recep Tayyip Erdoğan.119 Ces deux événements confirment que l’action du gouvernement continue de s’inscrire dans la réaction au putsch du 15 juillet dernier. En effet, le débat sur le rétablissement de la peine de mort et la prolongation de l’état d’urgence furent deux thèmes marquants du contexte post-coup d’État. Ainsi, malgré les déclarations faisant état de l’ouverture d’une nouvelle ère, la rhétorique et les thématiques mobilisées par le gouvernement dans leurs éléments de langage n’ont pas encore évolué.

De la même façon, les polémiques et tensions qui ont eu lieu au soir du référendum confirment l’extrême polarisation de la société. D’un côté, l’opposition ne peut se résoudre à voir l’AKP gagner et préfère dénoncer des fraudes, de l’autre, le gouvernement montre déjà sa volonté de persévérer dans son action sans se remettre en question, alors que sa victoire est mince et sujette à plusieurs controverses. En effet, ce résultat serré ne satisfait personne mais exacerbe les tensions : ainsi que le souligne Ali Kayalar, éditorialiste à Hürriyet Daily News, il sera difficile de faire accepter à ceux qui avaient voté pour la continuité du système parlementaire la légitimité d’un nouveau système approuvé sur le fil du rasoir, au terme d’une campagne que leurs leaders ont qualifié de biaisée ou de frauduleuse.120 C’est pourtant dans ce nouveau cadre que les partis d’opposition devront évoluer dès 2019.

En outre, la controverse concernant les allégations de fraude se poursuit et continue de générer des tensions. Les 16 et 17 avril, plusieurs rassemblements dénonçant les irrégularités du scrutin ont vu intervenir les forces de l’ordre face à eux.121 La remise du rapport de l’OSCE sur le référendum devrait alimenter la polémique, la mission d’observation ayant estimé que : « De manière générale, le référendum n’a pas été à la hauteur des standards du Conseil de l’Europe. Le cadre légal était inadéquat pour que s’y tienne un processus réellement démocratique ».122 Ces déclarations ont été immédiatement critiquées par le gouvernement turc, par la voix du président Erdoğan qui a conseillé à l’OSCE « de savoir quelle était sa place », mais aussi par celle du ministre des Affaires étrangères turc qui a dénoncé un « manque d’objectivité et d’impartialité ».123 Ces événements devraient alimenter chez l’opposition le sentiment que le gouvernement turc n’a aucune intention de composer avec les 48,7% de la population qui se sont opposés à son projet. Les soupçons de fraudes, quant à eux, font penser à cette même opposition que la victoire électorale contre l’AKP, est une chimère puisque les règles de la compétition sont faussées et ainsi, que l’opposition politique se réduit à un jeu de dupes. Enfin, l’agressivité de la réponse gouvernementale interroge la capacité de l’exécutif à accepter sereinement, un jour, une potentielle défaite dans les urnes.

 2 ) Les réactions européennes au scrutin : pas de réconciliation en vue

À l’international, la diaspora turque européenne, qui avait fait l’objet de tentatives de mobilisation particulières au cours de la campagne et qui s’est majoritairement exprimée en faveur du projet de réforme, a exulté à l’annonce des résultats.

Les partenaires européens de la Turquie, quant à eux, ont publié des déclarations discrètes et mitigées. La chancelière allemande et les autorités françaises ont communiqué de façon similaire, appelant le gouvernement turc à mettre en place un « dialogue respectueux » avec l’opposition et soulignant les « résultats serrés » du scrutin.124 Le Premier ministre danois L.L. Rasmussen a déclaré : « Il est étrange de voir la démocratie restreindre la démocratie. La majorité a le droit de décider mais je suis assez inquiet à propos de la nouvelle Constitution turque. »125. La tiédeur des réactions en Europe est symptomatique de la dégradation des relations turco-européennes, qui n’a cessé de s’amplifier durant la campagne référendaire. De son côté, le vice-Premier ministre Mehmet Şimşek a fait savoir qu’il s’attendait à un apaisement des relations turco-européennes.126 Cependant, la reprise, dès le soir du vote, des thèmes litigieux avec l’UE (le rétablissement de la peine de mort, la potentialité d’un référendum en Turquie pour mettre fin au processus d’adhésion, etc.) montre que la réconciliation avec l’UE n’est pas à l’ordre du jour à Ankara. Au contraire, le gouvernement turc pourrait percevoir les réactions en Europe comme un aveu de leur exaspération à l’égard de la politique européenne de la Turquie, puisqu’aucun de ses interlocuteurs européens ne se réjouit de l’issue du scrutin. D’ailleurs, la mission d’observation de l’OSCE a été rapidement assimilée à une tentative européenne de décrédibiliser l’issue du scrutin et le triomphe de l’AKP127.

En ce qui concerne l’écart serré des résultats, nous pensons qu’il pourrait se transformer en ressource politique pour chacune des parties, laquelle sera mobilisée pour servir leurs positions dans le cadre des relations bilatérales. Pour Ankara, les résultats prouvent le caractère démocratique du scrutin et de la conduite du pouvoir, nonobstant les récurrentes critiques venues d’Europe qui ont dénoncé la dérive autoritaire du pouvoir. À l’inverse, les Européens pourraient utiliser ces résultats comme une justification pour tempérer les exigences d’Ankara sur les dossiers sensibles (la libéralisation des visas, la coopération antiterroriste, etc.). Ainsi, le referendum est en passe de s’ajouter aux multiples crises et escalades rhétoriques qui émaillent désormais la relation turco-européenne. Si, conformément aux déclarations du président Erdoğan, le rétablissement de la peine de mort devait être voté puis ratifié, le divorce entre la Turquie et l’UE devrait être effectif. Ce thème prend donc la forme d’un baromètre de la relation turco-européenne.

Les résultats du référendum du 16 avril permettent de dégager plusieurs tendances au sein du paysage politique turc. La résilience du vote kurde, qui semble avoir suivi les consignes de vote données par le HDP (dont la visibilité officielle dans l’espace public s’est beaucoup amoindrie suite aux arrestations), montre que l’AKP n’a pas réussi à convaincre le Sud-Est, rongé par les affrontements entre le PKK et les forces de sécurité. Le vote CHP, quant à lui, maintient son ancrage sur la côte égéenne et confirme une certaine incompressibilité de ses scores, en dépit de l’impopularité croissante de K. Kılıçdaroğlu jusque dans les rangs de son parti. Ainsi, l’opposition kémaliste voit émerger des figures plus jeunes et populaires sur les réseaux sociaux à l’instar de Metin Feyzioğlu ou d’Eren Erdem qui – chacun incarnant des lignes différentes – pourraient devenir les prochains chefs de file d’une opposition de centre-gauche rajeunie. Du côté du MHP, la désobéissance constatée de l’électorat aux consignes de votes données par D. Bahçeli (un des plus fervents défenseurs du Oui qui n’appartient pas à l’AKP) montre que la division du parti est toujours d’actualité. La dispute entre les frondeurs majoritaires et D. Bahçeli – arrivée à son paroxysme en juin 2016 – avait été éclipsée par la tentative de coup d’État et les soupçons selon lesquels Meral Akşener aurait des liens avec la confrérie Gülen. Elle réapparait lors de ce scrutin et pourrait être exploitée par des frondeurs ravis de constater la faible capacité de mobilisation de D. Bahçeli auprès de l’électorat MHP. Enfin, la (courte) victoire du Non à Istanbul et Ankara permet d’envisager l’existence d’un « vote libéral de droite » qui s’est éloigné de l’AKP. Les franges urbaines, peut-être inquiètes de la dégradation économique et sécuritaire et marquées par les purges qui ont affecté les fonctionnaires, semblent avoir refusé l’extension des pouvoirs demandée par le président turc.

L’AKP de son côté continue de pouvoir compter sur une très large majorité en Anatolie et sur les côtes de la mer Noire qui constituent son bastion électoral traditionnel. À celui-ci s’ajoutent des scores non négligeables obtenus dans le Sud-Est, probablement fruits du soutien de mouvements conservateurs qui contestent la ligne politique du HDP.

Enfin nous observons que le déroulement de la campagne et l’annonce des résultats sont des générateurs importants de tensions politiques qui tendent à s’exprimer violemment, sur le plan rhétorique et parfois physique, sur le territoire turc mais aussi à l’étranger. Nous en concluons que le vote du 16 avril, contrairement à ses objectifs initiaux, devrait peiner à stabiliser et apaiser la Turquie contemporaine.

  1. « Gezici Araştırma’ya göre ‘rüzgar tersine döndü’: ‘Evet’ yüzde 53.3, ‘Hayır’ yüzde 46.7 », Diken, 6 avril 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/gezici-arastirmaya-gore-ruzgar-tersine-dondu-evet-yuzde-53-3-hayir-yuzde-46-7/
  2. « SONAR’dan son referandum anketi », T24, 12 avril 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/sonardan-son-referandum-anketi,398854
  3. « Anket şirketleri: Evet-Hayır başa baş gidiyor », DW Türkçe, 8 avril 2017. Disponible sur : http://www.dw.com/tr/anket-%C5%9Firketleri-evet-hay%C4%B1r-ba%C5%9Fa-ba%C5%9F-gidiyor/a-38350585#
  4. YÜNCÜLER Zeynep, « Gezici beklenen anketi BirGün’e açıkladı: ‘HAYIR’ sürpriz değil! », BirGün, 3 février 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/gezici-beklenen-anketi-birgun-e-acikladi-hayir-surpriz-degil-145625.html Voir aussi « ANAR: AKP’nin yüzde 35’i ‘evet’ demiyor », BirGün, 17 février 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/anar-akp-nin-yuzde-35-i-evet-demiyor-147266.html
  5. WINTOUR Patrick, « Why is Erdoğan picking a fight with the EU over the Turkish referendum? », The Guardian, 14 mars 2017. Disponible sur : https://www.theguardian.com/world/2017/mar/14/erdogan-turkey-referendum-diplomatic-row
  6. En janvier dernier, l’on estimait à plus de 100 000 le nombre de fonctionnaires suspendus de leurs fonctions ou limogés depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet. Voir « Turquie : nouvelle vague de purges, des milliers de limogeages », Le Monde, 7 janvier 2017. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/01/07/turquie-nouvelle-vague-de-purges-des-milliers-de-limogeages_5059097_3214.html
  7. « AKAM’ın anketine göre, Meral Akşener genel başkan olursa MHP’nin oyları yüzde 18.7’ye çıkıyor », T24, 17 avril 2016. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/akamin-anketine-gore-meral-aksener-genel-baskan-olursa-mhpnin-oylari-yuzde-20lere-cikiyor,336685
  8. FIRAT Ümit, « HDP ve Yenikapı Mitingi », Al Jazeera Türk, 10 août 2016. Disponible sur : http://www.aljazeera.com.tr/gorus/hdp-ve-yenikapi-mitingi
  9. « AK Parti’den Diyarbakır’da ‘Her Evet Şeyh Sait’e fatiha’ pankartı açıklaması », CNN Türk, 24 mars 2017. Disponible sur : http://www.cnnturk.com/turkiye/ak-partiden-diyarbakirda-her-evet-seyh-saite-fatiha-pankarti-aciklamasi
  10. AKYOL Mustafa, « Nationalist party may hold key to Turkey’s political future », Al Monitor, 13 avril 2016. Disponible sur : http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/04/turkey-nationalist-party-determine-countrys-future.html
  11. « Meral Akşener’den Bahçeli’nin Gülen figürü göndermesine yanıt », Cumhuriyet, 1er décembre 2015. Disponible sur : http://www.cumhuriyet.com.tr/haber/siyaset/438711/Meral_Aksener_den_Bahceli_nin_Gulen_figuru_gondermesine_yanit.html
  12. « Opposition MHP chair pledges strong support for constitutional reform referendum », Daily Sabah, 7 février 2017. Disponible sur : https://www.dailysabah.com/politics/2017/02/07/opposition-mhp-chair-pledges-strong-support-for-constitutional-reform-referendum
  13. « Bahçeli: If AKP Is Ready For Death Penalty, Count Us in Too », Bianet English, 19 juillet 2016. Disponible sur : http://bianet.org/english/politics/176901-bahceli-if-akp-is-ready-for-death-penalty-count-us-in-too
  14. « Gezici Araştırma Şirketi: Halkın yüzde 58’i başkanlığa karşı; MHP’li seçmenin yüzde 64’ü ‘hayır’ diyor », T24, 27 décembre 2016. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/gezici-arastirma-sirketi-halkin-yuzde-58i-baskanliga-karsi-mhpli-secmenin-yuzde-64u-hayir-diyor,379669 Voir aussi « MAK Danışmanlık: AKP’lilerin yüzde 10’u, MHP’lilerin yüzde 70’i « Evet » demiyor; evet oyları 45-47 bandında », T24, 24 mars 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/mak-danismanlik-akplilerin-yuzde-10u-mhplilerin-yuzde-70i-evet-demiyor-evet-oylari-45-47-bandinda,395354
  15. « MHP’de içeriden ‘karşı atak’: ‘Türk Milliyetçileri ‘Hayır’ Diyor’ platformu kuruldu », Diken, 31 janvier 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/mhpde-iceriden-karsi-atak-turk-milliyetcileri-hayir-diyor-platformu-kuruldu/
  16. « Evet mi önde Hayır mı? İşte son ‘Başkanlık’ anketi », Cumhuriyet, 26 janvier 2017. Disponible sur : http://www.cumhuriyet.com.tr/haber/turkiye/665850/Evet_mi_onde_Hayir_mi__iste_son__Baskanlik__anketi.html
  17. KORTEWEG Anna, YURDAKUL Gökçe, The Headscarf Debates: Conflicts of National Belonging, Stanford, Stanford University Press, 2014, p. 73.
  18. « Rejim Değişikliği Değil, Sistem Değişikliği », T. C. Adalet Bakanlığı – Basın ve Halkla İlişkiler Müşavirliğinin, 9 janvier 2017. Disponible sur :  http://www.basin.adalet.gov.tr/Etkinlik/rejim-degisikligi-degil-sistem-degisikligi
  19. Les propos tenus par Bilal Erdoğan lors du conseil consultatif de la Fondation pour la Jeunesse de Turquie (Türkiye Gençlik Vakfı – TÜGVA) relèvent pleinement de cette rhétorique. Voir « Tügva Yüksek İstişare Kurulu Üyesi Erdoğan Açıklaması », Haberler, 8 avril 2017. Disponible sur : http://www.haberler.com/tugva-yuksek-istisare-kurulu-uyesi-erdogan-9475833-haberi/
  20. COPEAUX Étienne, « Référendum du 16 avril – Comment Erdoğan veut étendre son pouvoir », Susam-Sokak, 10 avril 2017. Disponible sur : http://www.susam-sokak.fr/2017/04/referendum-du-16-avril-comment-erdogan-veut-etendre-son-pouvoir.html
  21. « Salih Cora: Tek Devlet, Tek Millet, Tek Vatan için Kararımız EVET », Şalpazarı Gündem, 20 mars 2017. Disponible sur : http://salpazarigundem.com/salih-cora-tek-devlet-tek-millet-tek-vatan-icin-kararimiz-evet/
  22. « Melih Gökçek’ten ilginç referandum anketi », Mynet, 28 mars 2017. Disponible sur : http://www.mynet.com/haber/guncel/melih-gokcekten-ilginc-referandum-anketi-2956058-1
  23. Nous pouvons par exemple voir ce thème être développé pour défendre la succession des « objectifs » 2023, 2053 et 2071 ; le  projet de rétablissement de la peine de mort (voir : http://www.sabah.com.tr/gundem/2016/07/18/erdogandan-halkin-idam-cezasi-talebine-yanit) ; et actuellement, le oui au referendum (voir : http://www.haylayf.com/dernekler-vakiflar/6853717/milli-irade-platformu-buyuk-ve-guclu-turkiye-icin-evet).
  24. En témoignent les propos suivants de Recep Tayyip Erdoğan : « Nous avons aboli la peine de mort, et qu’est-ce qui a changé ? Maintenant si vous êtes dans un État de droit démocratique, qui a la parole dans les démocraties ? N’appartient-elle pas au peuple ? Que dit le peuple en ce moment ? Il demande la peine de mort ». Cité dans « Erdoğan: Halk idam istiyor », DW Türkçe, 26 juillet 2016. Disponible sur : http://www.dw.com/tr/erdo%C4%9Fan-halk-idam-istiyor/a-19426833
  25. JEGO Marie, « En Turquie, un référendum devenu plébiscite pour ou contre Erdoğan », Le Monde, 10 avril 2017. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/10/en-turquie-un-referendum-devenu-plebiscite-pour-ou-contre-erdogan_5108849_3214.html
  26. MUELLER Jan-Werner, « Erdoğan and the Paradox of Populism », Project Syndicate, 11 août 2014. Disponible sur : https://www.project-syndicate.org/commentary/jan-werner-mueller-examines-the-underpinnings-of-the-new-turkish-president-s-political-staying-power?barrier=accessreg Pour un autre exemple d’approche plébiscitaire de la démocratie, se référer à BARNEY Darin D., LAYCOCK David, « Right-Populists and Plebiscitary Politics in Canada », Party Politics, Vol. 5, N°3, 1999, pp. 317-339.
  27. ODIHR – OSCE, Interim report : 17 March – 7 April 2017, 7 avril 2017, p. 1. http://www.osce.org/odihr/elections/turkey/310646?download=true
  28. « Voting starts in Europe for Turkish referendum », BBC News, 27 mars 2017. Disponible sur : http://www.bbc.com/news/world-europe-39405210
  29. « Référendum en Turquie : que sait-on du vote des Turcs installés en France ? », Le Monde, 15 avril 2017. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/15/referendum-en-turquie-que-sait-on-du-vote-des-turcs-installes-en-france_5111690_3214.html
  30. « Voting starts in Europe for Turkish referendum », art. cit.
  31. ODIHR – OSCE, Interim report, op. cit., p. 1.
  32. Il s’agissait des provinces suivantes : Adıyaman, Ağrı, Artvin, Bingöl, Bitlis, Diyarbakır, Elazığ, Erzincan, Erzurum, Gaziantep, Giresun, Gümüşhane, Hakkari, Kars, Malatya, Kahramanmaraş, Mardin, Muş, Ordu, Rize, Siirt, Sivas, Trabzon, Tunceli, Şanlıurfa, Van, Bayburt, Batman, Şırnak, Ardahan, Iğdır et Kilis.
  33. ODIHR – OSCE, Interim report, op. cit., p. 5.
  34. Ibid, p. 1.
  35. Ibid, p. 5.
  36. « Turquie – Données générales », Le Moci. Disponible sur : http://www.lemoci.com/fiche-pays/turquie/
  37. Site disponible à l’adresse suivante : https://turkeypurge.com/
  38. EYNAUDI, Matthieu, « Terrorisme et contre-terrorisme en Turquie en 2016 » (2 parties), Les Clés du Moyen-Orient, 11 janvier 2017. Disponible sur http://www.lesclesdumoyenorient.com/Terrorisme-et-contre-terrorisme-en-Turquie-en-2016-1-2.html
  39. Sur cette notion, se référer à SCHMID Dorothée, « Turquie : le syndrome de Sèvres, ou la guerre qui n’en finit pas », Politique Etrangère, Vol. 79, N°1, printemps 2014, pp. 199-213.
  40. RAMOĞLU Ersin, « FETÖ her ‘hayır’a 50 dolar mı veriyor? », Sabah, 6 avril 2017. Disponible sur : http://www.sabah.com.tr/yazarlar/bolgeler/ramoglu/2017/04/06/feto-her-hayira-50-dolar-mi-veriyor
  41. FREEDOM HOUSE, Populists and Autocrats: The Dual Threat to Global Democracy, 2017, p. 10.
  42. Base de données disponible sur : http://www.systemicpeace.org/inscrdata.html
  43. Sur la construction de cet indice de démocratisation, voir MARSHALL Monty G., GURR Ted Robert, JAGGERS Keith, POLITY IV PROJECT: Dataset Users’ Manual, 19 mai 2016, pp. 14-15.
  44. MARCOU Jean, « La quête obsessionnelle d’un pouvoir fort », Le Monde diplomatique, avril 2017, p. 9.
  45. Le site Turkey Purge estime quant à lui que 231 journalistes ont été détenus depuis le 15 juillet 2016, voir https://turkeypurge.com/journalism-in-jail
  46. « Turquie. Arrestation de députés du HDP dans un climat de répression grandissante contre l’opposition kurde », Amnesty international, 9 novembre 2016. Disponible sur : https://www.amnesty.fr/presse/turquie-arrestation-de-dputs-du-hdp-dans-un-climat
  47. « Le leader kurde Demirtaş condamné à 5 mois de prison par la justice turque », L’Orient-Le Jour, 22 février 2017. Disponible sur : https://www.lorientlejour.com/article/1036526/le-leader-kurde-demirtas-condamne-a-5-mois-de-prison-par-la-justice-turque.html
  48. ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L’EUROPE, Le fonctionnement des institutions démocratiques en Turquie (version provisoire), 2017, p. 27.
  49. WEISE Zia, « The Turkish Marine Le Pen », Politico, 24 juin 2016. Disponible sur : http://www.politico.eu/article/the-turkish-marine-le-pen-meral-aksener-president-erdogan-politics/
  50. « YSK: MHP kurultayı 10 Temmuz’da toplanamaz », T24, 28 juin 2016. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/ysk-mhp-10-temmuzda-kurultay-toplayamayacak,347557
  51. Vidéo disponible à l’adresse suivante : http://www.ulkucutv.com/meral-aksener-ayin-15-inden-sonra-isler-degisecek-basbakan-olacagim
  52. « Sosyal medya bu videoyu konuşuyor! », Yeni Akit, 24 juillet 2016. Disponible sur : http://www.yeniakit.com.tr/haber/sosyal-medya-bu-videoyu-konusuyor-196565.html
  53. Turhan Feyzioğlu fut le fondateur du Parti Républicain de la Confiance (Cumhuriyetçi Güven Partisi – CGP), issu d’une fraction du CHP contestant l’orientation du parti vers le centre-gauche.
  54. « TBB Başkanı Feyzioğlu’nun Başbakan’ı Kızdıran Konuşması », Haberler, 10 mai 2014. Disponible sur : http://www.haberler.com/tbb-baskani-feyzioglu-adaletsiz-demokrasi-olmaz-6009479-haberi/
  55. « Feyzioğlu’ndan yeni anayasa açıklaması », Cumhuriyet, 14 janvier 2017. Disponible sur : http://www.cumhuriyet.com.tr/haber/turkiye/660078/Feyzioglu_ndan_yeni_anayasa_aciklamasi.html
  56. « TBB Başkanı Feyzioğlu: Yeni anayasa küresel kuklacıların oyunu », Hürriyet, 23 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyet.com.tr/tbb-baskani-feyzioglu-yeni-anayasa-kuresel-kuk-40405199
  57. « President Erdoğan slams Turkey bar head over ‘No’ campaign », Hürriyet Daily News, 14 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/president-erdogan-slams-turkey-bar-head-over-no-campaign.aspx?pageID=238&nID=110800&NewsCatID=338
  58. « Beyaz TV’de rezillik… İlahiyatçı Vehbi Güler ‘hayır’ diyenleri ‘şeytan’ ilan etti », Cumhuriyet, 7 février 2017. Disponible sur : http://www.cumhuriyet.com.tr/video/video_haber/671798/Beyaz_TV_de_rezillik…_ilahiyatci_Vehbi_Guler__hayir__diyenleri__seytan__ilan_etti.html
  59. Sur la notion de « Turc blanc », se référer à « White Turks, black Turks and grey debate », Hürriyet Daily News, 11 octobre 2010. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/default.aspx?pageid=438&n=the-search-for-steps-of-wasps-around-anatolia-2010-11-22
  60. Cité dans « İlahiyatçı Yeni Şafak yazarı Karaman: İslam karşıtları da ‘hayır’cı! », T24, 5 mars 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/ilahiyatci-yeni-safak-yazari-karaman-islam-karsitlari-da-hayirci,392130
  61. TREMBLAY Pınar, « How Erdoğan uses Turkey’s mosques to push ‘yes’ vote », Al Monitor, 12 avril 2017. Disponible sur : http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2017/04/turkey-erdogan-uses-mosques-to-win-referendum.html
  62. « Referendum sur la constitution : les Turcs de France refusent d’aller voter dans des locaux religieux », L’Humanité, 18 mars 2017, Disponible sur : http://www.humanite.fr/referendum-sur-la-constitution-des-turcs-de-france-refusent-daller-voter-dans-des-locaux-religieux
  63. Cité dans « Başbakan’dan Bozkurt selamı », Milliyet, 21 février 2017. Disponible sur : http://www.milliyet.com.tr/basbakan-binali-yildirim-dan-siyaset-2400342/
  64. Cité dans « Başbakan Yıldırım: Avrupa’nın siyaseti de artık Türkiye’den belirleniyor », T24, 15 mars 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/basbakan-yildirim-avrupanin-siyaseti-de-artik-turkiyeden-belirleniyor,393840
  65. « Başbakan Yıldırım: Yeni sistem terörü yok edecek », Anadolu Ajansı, 25 février 2017. Disponible sur : http://aa.com.tr/tr/gunun-basliklari/basbakan-yildirim-yeni-sistem-teroru-yok-edecek/758971
  66. « AK Parti ‘Evet’ kampanyasına başladı », Milliyet, 25 février 2017. Disponible sur : http://www.milliyet.com.tr/ak-parti-evet-kampanyasina-siyaset-2402972/
  67. « Erdoğan asks for ‘Yes’ vote in charter referendum to ‘fight terrorism’ », Hürriyet Daily News, 13 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/erdogan-asks-for-yes-vote-in-charter-referendum-to-fight-terrorism.aspx?pageID=238&nid=111994&NewsCatID=338
  68. Sur cette organisation, se référer à DORRONSORO Gilles, « La nébuleuse Hizbullah », Les dossiers de l’IFEA (série : « La Turquie aujourd’hui »), N°17, mars 2004, 28 p. http://books.openedition.org/ifeagd/228
  69. « HÜDA PAR ‘Yetmez ama evet’ dedi », Al Jazeera Türk, 15 février 2017. Disponible sur : http://www.aljazeera.com.tr/haber/huda-par-yetmez-ama-evet-dedi
  70. HAMSİCİ Mahmut, « Hüda-Par’ın oyları nereye gidecek? », BBC Türkçe, 28 octobre 2015. Disponible sur : http://www.bbc.com/turkce/haberler/2015/10/151028_hudapar_hamsici
  71. Cité dans « Bahçeli: Türkiye’de diktatör olamaz çünkü diktatör Türkçe değil », BirGün, 20 mars 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/bahceli-turkiye-de-diktator-olamaz-cunku-diktator-turkce-degil-151714.html
  72. Cité dans Ibid.
  73. Cité dans « Bahçeli’den ‘Evet’ savunması: Perinçek ile Erdoğan arasında tercihimiz Erdoğan », Diken, 7 février 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/bahceliden-evet-savunmasi-akintiya-karsi-kurek-cekmek-yerine-istikamet-vermek-akillica/
  74. KOZAN Ümit, KESKİN Nursima, « Bahçeli: Kudursalar da ‘evet’ diyeceğiz », Hürriyet, 7 février 2017. Disponible sur : http://www.hurriyet.com.tr/bahceli-millet-icin-evet-devlet-icin-evet-40357985
  75. « Turkey’s nationalist opposition leader asks for meeting with PM after terrorist attack », Hürriyet Daily News, 14 mars 2016. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/turkeys-nationalist-opposition-leader-asks-for-meeting-with-pm-after-terrorist-attack.aspx?pageID=238&nID=96414&NewsCatID=338 Voir aussi « PM Davutoğlu calls on CHP to take clear stance against terror, thanks MHP for support », Daily Sabah, 22 mars 2016. Disponible sur : https://www.dailysabah.com/war-on-terror/2016/03/23/pm-davutoglu-calls-on-chp-to-take-clear-stance-against-terror-thanks-mhp-for-support
  76. KÜÇÜKŞAHİN Şükrü, « MHP suggests joint opposition candidate », Hürriyet Daily News, 7 mai 2014. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/mhp-suggests-joint-opposition-candidate.aspx?pageID=517&nID=66093&NewsCatID=338
  77. « MHP’de içeriden ‘karşı atak’: ‘Türk Milliyetçileri ‘Hayır’ Diyor’ platformu kuruldu », Diken, 31 janvier 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/mhpde-iceriden-karsi-atak-turk-milliyetcileri-hayir-diyor-platformu-kuruldu/
  78. « HDP, PKK ve Hüda-Par referandumda ‘evet’ diyecek!», Yeniçağ, 19 février 2017. Disponible sur : http://www.yenicaggazetesi.com.tr/hdp-pkk-ve-huda-par-referandumda-evet-diyecek-155825h.htm
  79. « Sinan Oğan: PKK da HDP de FETÖ de evet diyor », Sözcü, 7 février 2017. Disponible sur : http://www.sozcu.com.tr/2017/gundem/sinan-ogan-pkk-da-hdp-de-feto-de-evet-diyor-1665923/
  80. « Sinan Oğan:  »Evet deyin terör bitsin » diyorlar; 15 yıldır elinizi kolunuzu bağlayan mı oldu? », Yeni Asya, 9 avril 2017. Disponible sur : http://www.yeniasya.com.tr/politika/sinan-ogan-evet-deyin-teror-bitsin-diyorlar-15-yildir-elinizi-kolunuzu-baglayan-mi-oldu_428659
  81. « Turkish opposition MHP leader slams Erdoğan’s advisors for ‘federal structure’ remarks », Hürriyet Daily News, 13 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/turkish-opposition-mhp-leader-slams-erdogans-advisors-for-federal-structure-remarks.aspx?PageID=238&NID=112009&NewsCatID=338
  82. « Bahçeli’den referanduma günler kala ‘#HAYIR’ sinyali! », BirGün, 13 avril 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/bahceli-den-referanduma-gunler-kala-hayir-sinyali-155296.html
  83. « Saadet Partisi Genel Başkanından 5 maddelik Hayır açıklaması », BirGün, 13 avril 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/saadet-partisi-genel-baskanindan-5-maddelik-hayir-aciklamasi-155175.html
  84. « Saadet Partisi Başkanı: Referandum sürecinde korku imparatorluğu yaşıyoruz », BirGün, 10 avril 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/saadet-partisi-baskani-referandum-surecinde-korku-imparatorlugu-yasiyoruz-154741.html
  85. « Saadet Partisi’nden dolaylı ‘Hayır’: Bu haliyle destek veremeyiz », Diken, 25 février 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/saadet-partisinden-dolayli-hayir-bu-haliyle-destek-veremeyiz/
  86. « Saadet Partisi’nden referandum kararı: Hayır oyu kullanacağız ancak… », Cumhuriyet, 20 février 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/hdp-grup-baskanvekili-ahmet-yildirim-hayir-simdiden-kazandi-155146.html
  87. « Turkey’s future worse than Trump’s America if yes wins in referendum, says opposition HDP deputy », Kom News, 22 février 2017. Disponible sur : http://komnews.org/turkeys-future-worse-than-trumps-america-if-yes-wins-in-referendum-says-opposition-hdp-deputy/
  88. Cité dans « HDP launches ‘no’ vote campaign for charter referendum », Hürriyet Daily News, 2 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/hdp-launches-no-vote-campaign-for-charter-referendum-.aspx?pageID=517&nID=110365&NewsCatID=338
  89. « HDP’nin referandum sloganı: Demokratik Cumhuriyet Ortak Vatan İçin HAYIR! », BirGün, 6 février 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/hdp-nin-referandum-slogani-demokratik-cumhuriyet-ortak-vatan-icin-hayir-145866.html
  90. Cité dans « Kılıçdaroğlu: « Evet çıkarsa terör bitecek » diyorlar; 15 yıldır iktidardasınız, bitirmemeniz için size kim engel oldu? », T24, 15 mars 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/kilicdaroglu-evet-cikarsa-teror-bitecek-diyorlar-15-yildir-iktidardasiniz-bitirmemeniz-icin-size-kim-engel-oldu,393814
  91. Cité dans Ibid.
  92. Cité dans « Europeans working for ‘yes’ side: Main opposition », Hürriyet Daily News, 14 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/europeans-working-for-yes-side-main-opposition.aspx?pageID=238&nID=110786&NewsCatID=338
  93. Cité dans « Turkey can fall in a day in system suggested by charter draft: Main opposition leader », Hürriyet Daily News, 15 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-can-fall-in-a-day-in-system-suggested-by-charter-draft-main-opposition-leader-.aspx?pageID=238&nID=110847&NewsCatID=338
  94. Cité dans « Kılıçdaroğlu: « Evet çıkarsa terör bitecek » diyorlar; 15 yıldır iktidardasınız, bitirmemeniz için size kim engel oldu? », art. cit.
  95. KARACA Ekin, « Giresun’da CHP Vekiline Saldırı », Bianet, 15 mars 2017. Disponible sur : https://bianet.org/bianet/insan-haklari/184534-giresun-da-chp-vekiline-saldiri
  96. BAŞARAN Rifat, « Boğaziçi University bans event with main opposition CHP deputy head Böke », Hürriyet Daily News, 17 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/bogazici-unversity-bans-event-with-main-opposition-chp-deputy-head-boke-.aspx?pageID=238&nID=110925&NewsCatID=338
  97. « ‘Hayır’ pankartı asan CHP’lilere otomobilden ateş edildi », BirGün, 8 avril 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/hayir-pankarti-asan-chp-lilere-otomobilden-ates-edildi-154509.html
  98. « İçişleri Bakanı: Geçen gün HDP bir şarkı çıkarmış, hemen Vali’yi aradım, ‘Bu şarkı yasaklanacak’ dedim », T24, 8 avril 2017. Disponible sur : http://t24.com.tr/haber/icisleri-bakani-gecen-gun-hdp-bir-sarki-cikarmis-hemen-valiyi-aradim-bu-sarki-yasaklanacak-dedim,398103 Voir aussi « Soylu, HDP’nin şarkısına gelen yasağı anlattı: Hemen valiyi aradım, bu kadar basit », Diken, 8 avril 2017. Disponible sur : http://www.diken.com.tr/soylu-hdpnin-bejin-na-sarkisina-gelen-yasagi-anlatti-hemen-valiyi-aradim-bu-kadar-basit/
  99. « İşte Meral Akşener ve FETÖ ilişkisi! », Sabah, 23 avril 2016. Disponible sur : http://www.sabah.com.tr/gundem/2016/04/23/iste-meral-aksener-ve-feto-iliskisi
  100. « Sinan Oğan konuşurken saldırıya uğradı », Hürriyet, 4 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyet.com.tr/sinan-ogan-konusurken-saldiriya-ugradi-40384592
  101. « ‘Yes’ and ‘no’ camps in fierce race as polls near », Hürriyet Daily News, 14 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/yes-and-no-camps-in-fierce-race-as-polls-near-.aspx?PageID=238&NID=111989&NewsCatID=338
  102. Cité dans « CHP head Kılıçdaroğlu slams Erdoğan over Europe comments » , Hürriyet Daily News, 24 mars 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/chp-head-kilicdaroglu-slams-erdogan-over-europe-comments.aspx?pageID=238&nID=111212&NewsCatID=338
  103. Cité dans Ibid.
  104. Les données de l’Agence Statistique de Turquie (Türkiye İstatistik Kurumu – TÜİK) sur le référendum du 16 avril n’étaient, au moment de la rédaction, pas encore disponibles.
  105. À l’exception des données concernant le scrutin d’avril 2017, tous les autres résultats électoraux que nous mobilisons sur les précédentes consultations électorales proviennent du TÜİK. Données disponibles à l’adresse suivante : http://www.tuik.gov.tr/Start.do
  106. BOZARSLAN Hamit, Histoire de la Turquie contemporaine, Paris, La Découverte (coll. « Repères »), 2010 (1e éd. : 2004), p. 67.
  107. Nous nous appuyons ici sur les données d’Hüriyet, disponibles à l’adresse suivante : http://secim.hurriyet.com.tr/referandum-sonuclari-2017
  108. Par exemple, le nombre d’électeurs turcs s’élève à 1 430 132 personnes en Allemagne, contre 2 077 en Chine.
  109. 2019 voix pour le HDP, contre 2012 pour l’AKP.
  110. Pour des raisons de représentativité, nous avons choisi d’écarter Istanbul de notre échantillon (bien que Meral Akşener ait été élue à de nombreuses reprises dans cette province).
  111. Melih Gökçek est maire d’Ankara depuis 1994. À Istanbul, Recep Tayyip Erdoğan, Ali Müfit Gürtuna et Kadir Topbaş se sont succédés à ce poste depuis cette même année.
  112. « One in four Turkish youth unemployed as unemployment rate rises to 13 pct », Hürriyet Daily News, 17 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/turkeys-unemployment-rate-rises-to-13-pct-highest-in-seven-years.aspx?pageID=238&nID=112103&NewsCatID=344
  113. « YSK’dan flaş karar! Kanıtlanmadıkça geçerli sayılacak… », Milliyet, 16 avril 2017, Disponible sur : http://www.milliyet.com.tr/ysk-dan-flas-karar–gundem-2433493/
  114. « Vekilimizin söylediğine göre YSK’dan gelen verilerin sonucunda şu anda yüzde 52 hayır, yüzde 48 evet », cité dans « Son dakika: Meral Akşener’den referandum sonuçlarıyla ilgili ilk açıklama », CNN Türk, 16 avril 2016. Disponible sur : http://www.cnnturk.com/turkiye/son-dakika-meral-aksenerden-referandum-sonuclariyla-ilgili-ilk-aciklama
  115. « Turquie/Referendum : l’opposition dénonce des manipulations, va contester le résultat », L’Orient-Le jour, 16 avril 2017, Disponible sur https://www.lorientlejour.com/article/1046997/turquie-referendum-lopposition-denonce-des-manipulations-va-contester-le-resultat.html
  116. « YSK’nin önüne, polis duvar ördü », Birgün, 16 avril 2017, Disponible sur http://www.birgun.net/haber-detay/ysk-nin-onune-polis-duvar-ordu-155715.html
  117. « Binali Yildirim s’adresse à la foule rassemblée devant le siège de l’AK Parti », TRT, 16 avril 2017. Disponible sur : http://www.trt.net.tr/francais/turquie/2017/04/16/binali-yildirim-s-adresse-a-la-foule-rassemblee-devant-le-siege-de-l-ak-parti-713960
  118. « Cumhurbaşkanı Erdoğan’dan İkinci Referandum Sinyali », Haberin Gündemi, 17 avril 2016. Disponible sur : https://www.haberingundemi.com/gundem/cumhurbaskani-erdogan-dan-ikinci-referandum-sinyali-h589896.html
  119. « CNN Türk: OHAL bir kez daha uzatılacak », Birgün, 17 avril 2017. Disponible sur : http://www.birgun.net/haber-detay/cnn-turk-ohal-bir-kez-daha-uzatilacak-155782.html
  120. Ali Kayanlar, « Referendum results ask CHP new questions », Hürriyet Daily News, 17 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/referendum-result-asks-chp-new-questions.aspx?pageID=238&nID=112100&NewsCatID=338
  121. « At least 49 detained at referendum protests across Turkey », Hürriyet Daily News, 18 avril 2017. Disponible sur http://www.hurriyetdailynews.com/at-least-49-detained-at-referendum-protests-across-turkey.aspx?pageID=238&nID=112156&NewsCatID=338
  122. « Observer mission delivers report on referendum to election board », Hürriyet Daily News, 18 avril 2018.  Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/observer-mission-delivers-report-on-referendum-to-election-board-.aspx?pageID=238&nID=112153&NewsCatID=510
  123. « Ankara slams international election observers’ criticism of referendum », Hürriyet Daily News, 18 avril 2018.  Disponible sur http://www.hurriyetdailynews.com/ankara-slams-international-election-observers-criticism-of-referendum-result.aspx?pageID=238&nID=112140&NewsCatID=510
  124. « Turquie, résultats du référendum », France Diplomatie, 16 avril 2017. Disponible sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/turquie/evenements/article/turquie-resultats-du-referendum-16-04-17 Voir aussi « Merkel’den son dakika referandum açıklaması ». Hürriyet, 17 avril 2017, http://www.hurriyet.com.tr/son-dakika-merkelden-turkiyeye-cagri-40429399
  125. « US, EU to wait for OSCE report on referendum before evaluating results », Hürriyet Daily News, 17 avril 2017. Disponible sur http://www.hurriyetdailynews.com/us-eu-to-wait-for-osce-report-on-referendum-before-evaluating-results-.aspx?pageID=238&nID=112101&NewsCatID=359
  126. « Ties with EU to be area of ‘common interest’ for Turkey in post-referendum era – Deputy PM », Hürriyet Daily News, 17 avril 2017. Disponible sur : http://www.hurriyetdailynews.com/ties-with-eu-to-be-area-of-common-interest-for-turkey-in-post-referendum-era-deputy-pm.aspx?pageID=238&nID=112107&NewsCatID=344
  127. « Ankara slams international election observers’ criticism of referendum », Hürriyet Daily News, 18 avril 2018.  art. cit.

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